La création artistique se caractérise par une infinité de pratiques. La mutation des outils et des supports d’exposition, leur hybridation, la polyvalence des artistes et la création tour à tour solitaire et collective, ajoutent encore à l’imprévisibilité des configurations et des besoins en terme d’usage d’espaces, au-delà des profils et des disciplines.
Dans cette restructuration d’ateliers-logements d’artistes, la pièce à vivre et le lieu de travail ne font qu’un.
Notre concept architectural et notre proposition de design ont donc été développés autour de la modularité de l’artiste lui-même. Car c’est le créateur qui doit bouger, aménager, mettre en scène son espace de création et de vie. La question est de savoir comment l’artiste, à l’instant T, va pouvoir jouer du mobilier pour se mettre dans les meilleures conditions pour créer. Cette priorité nous a conduit à pousser la modularité du mobilier beaucoup plus loin que si l’on avait envisagé le réaménagement de ces trois ateliers uniquement sous l’angle d’une problématique architecturale.
Nous avons pensé l’espace en terme de cellule, élément qui présente des similitudes avec la cabane, comme refuge homogène d’intimité et de recentrage. La cellule a l’avantage de pouvoir être scindée, à volonté, pour accueillir une visite, un collaborateur, ou un public (expositions en open studio par exemple). La multiplicité des possibilités d’ouverture du double espace intime de l’atelier et du logement offre la possibilité d’un choix dans l’espace attribué. Cette modularité incite à la manœuvre, action simple propice à l’appropriation de l’espace et à la satisfaction, au bien-être.
Cette modularité poussée s’articule autour d’un élément structurant : le lit, envisagé comme un véhicule au sein de l’espace. Élément de confort destiné au repos ou à l’accueil selon sa configuration (lit-alcôve ou banquette-canapé), il est aussi destiné au rangement, avec sa bibliothèque et ses casiers de stockage intégrés, au cloisonnage ou encore au masquage, s’il est utilisé comme paravent. La nuit, le lit devient un objet éclairant, en lumière directe ou indirecte. Coupé en deux, il permet de préserver le sommeil d’un des occupants et le travail de l’autre.